La mer... Le retour...

Publié le par Joêl

Les 27, 28 Mai 2008,
Position 41.24 N ; 21.06 O
Temps maussade, grains à perte de vue

L'océan roule. L'atmosphère reste imprégnée de fraîcheur, d'humidité constante, de vent puissant.
Depuis notre départ de l'archipel des Açores, nos deux bateaux circulent en louvoyant entre les grains. Depuis trois jours, nous jouons à cache à cache avec les nombreuses dépressions, en maraude dans le secteur.
A force de les narguer, d'espérer leur échapper, elles finissent par nous rattraper !!
Cette nuit vers 1 H, en plein coeur de l'obscurité, un vent de Sud-Ouest s'est levé, soufflant à 25 noeuds, accompagné de fortes rafales, ronflant entre 30 à 35 noeuds. Nous ferraillons plein vent arrière. Emporté par les pulsations désordonnées des vagues. Elles tournoient inlassablement autour de la coque, bondissent sur le pont dans des salves d'écume et gifles retentissantes.
Cette dépression ne présente pas un visage trop sévère, ni trop inquiétant.
Nous prenons juste la queue de celle-ci. Elle continue à souffler tout le long de la journée et s'éloigne progressivement.
Elle emporte, avec elle, un immense cortège de nuées sombres au large d'un horizon indéterminé. 
La nuit dernière, la pluie, en zébrant la nuit et cinglant nos oreilles, a copieusement arrosé Blue Wave et son équipage. Les gouttes ont martelé sans fin jusqu'aux premières lueurs de l'aube, nous laissant pâles, transis. 
De nouveau, il est impossible de dormir au milieu de ce chambardement infernal...
L'humidité ambiante, le sel imprègne tout sur son passage.
Ce matin, un changement perceptible, puisque le vent s'est orienté Ouest-Nord-Ouest.
Cette nouvelle position procure un relatif confort, une plus grande stabilité du bateau.
Le soleil réapparaît par intermittences, en clignotant, dévoilé par le cortège de nuages opaques, planant dans un ciel plombé.
Le passage de ces dépressions induit de nombreuses manoeuvres puisqu'il faut sans cesse ralentir ou relancer la machine.
Réduire la toile, quand le vent forcit... La déployer dans son entier, alors que le vent faiblit de nouveau...
Gestes orchestrés mécaniquement... au milieu d'une brume de fatigue.
Retrouver le pied marin nécessite un certain entraînement. L'équipage, quelque peu nauséeux, se traîne laborieusement, évoluant comme au ralenti.
Le manque de sommeil commence à peser sur nos épaules.
La nuit à venir devrait s'avérer plus calme. Cette pause permettra de souffler et de récupérer nos esprits.
Toutefois, la nuit du 29 risque d'apporter avec elle, une nouvelle dépression, filant sur l'arrière de notre trajectoire. C'est pour échapper à cette menace qui va se précisant d'heure en heure que Lady Jo. et nous-mêmes mettons les gaz plein pot.
Hier, dans la journée, Jean-Marie a fait une tentative de pêche qui s'est malheureusement soldée par un échec.
Cette activité se présentait, pourtant, sous les meilleurs auspices puisqu'il avait réussi à ferrer un magnifique specimen... Mais , nous n'avons jamais pu vérifier de quoi il s'agissait, le bas de ligne a cassé net. La mystérieuse créature sous-marine emportant avec elle, notre précieux matériel...
Un constat optimiste, au regard des bulletins météo interrogés régulièrement, nous bénéficierons de vent jusqu'au terme de notre route.
Malgré cette allure trés inconfortable, nous progressons à une vitesse plus qu'honorable. Hier, nous avons accompli une belle performance puisque nous avons parcouru 143 milles, durant notre journée de navigation. Autant, aujourd'hui ! 
Le bateau bourlingue à 7 noeuds.
Dimanche prochain, nous pensons arriver face à La Corogne. Peut-être une escale, rien n'est moins sûr ?...
De nouveau, nous nous rendons à l'évidence, nous constatons des fuites de la vache à eau tribord. Il s'avère impossible de réparer dans cette mer chahoteuse. 
En prévision d'une récidive du problème, nous avons accumulé beaucoup d'eau en bouteilles et n'angoissons pas outre mesure sur ce poste là.
Actuellement, il reste environ 892 milles à sillonner avant de toucher terre à La Rochelle.  

 

Publié dans Nouvelles du bateau

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